Adi Rosén, directeur adjoint de l’UMI FILOFOCS : "Renforcer considérablement la synergie entre les communautés française et israélienne"

Institutionnel International

L’UMI French-Israeli Laboratory on Foundations of Computer Science (FILOFOCS) est créée pour cinq ans (2019-2023) et associe cinq partenaires français et israéliens dans le domaine de l’informatique fondamentale. FILOFOCS regroupe des chercheurs de l’Institut de Recherche en Informatique Fondamentale (IRIF - CNRS/Université Paris-Diderot), laboratoire commun au CNRS et à l’Université Paris Diderot travaillant dans le domaine de l’informatique théorique, ainsi que des chercheurs de trois des principales institutions scientifiques israéliennes dans ce domaine : l’université de Tel Aviv, l’université hébraïque de Jérusalem et l’Institut Weizmann des sciences.

L’objectif principal de l’UMI FILOFOCS est de poursuivre et d’étendre une coopération fructueuse menée depuis 2012 dans le cadre du Laboratoire International Associé (LIA) FILOFOCS entre le CNRS, l’université Paris Diderot et l’Université de Tel-Aviv. Le siège administratif de l’UMI se trouve à la faculté des sciences exactes de l’Université de Tel-Aviv, avec des infrastructures de recherche dans les trois institutions israéliennes participant à l’UMI. Un site miroir se situe à l’Institut de Recherche en Informatique Fondamentale (IRIF).

Comment décririez-vous l’UMI FILOFOCS ?

Adi Rosén : La recherche au sein de l’UMI se concentre sur les fondements de l’informatique, ce que reflète le titre de l’UMI. Ce domaine comprend des questions de recherche se trouvant au cœur de nos tentatives pour comprendre la puissance et les limites de l’informatique, et aborde des questions fondamentales autour de l’algorithmique et de la complexité dans divers domaines d’application. Ce domaine de recherche tente à la fois de faire progresser notre compréhension des bases de l’informatique et de fournir des outils et des infrastructures améliorant le développement d’applications de domaines variés. Certains domaines spécifiques comprennent la théorie de la complexité (Par exemple la complexité des communications, la complexité quantique), l’algorithmique (par exemple les algorithmes d’approximation, les algorithmes de flux), les fondements des systèmes informatiques (réseaux de communication, gestion de données à large échelle), les applications interdisciplinaires (par exemple la théorie des jeux, la bioinformatique, et la biologie computationnelle).

Comment est née l’association des partenaires de l’UMI ?

A. R. : Le LIA FILOFOCS a été créé en 2012 entre le CNRS, l’Université Paris Diderot côté français, et l’Université de Tel Aviv côté israélien. L’UMI FILOFOCS a été créée à partir de ce LIA, en incluant deux autres partenaires israéliens, l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Institut des Sciences Weizmann. Cette extension s’appuyait sur le réseau d’excellence I-CORE (Israéli Center of Research Excellence) ALGO, un consortium de ces trois institutions regroupant certains des meilleurs scientifiques et groupes de recherche mondiaux en algorithmique et en informatique théorique. Du côté français, l’UMI FILOFOCS s’appuie sur l’IRIF, en collaboration avec le CNRS et l’Université Paris Diderot, l’un des laboratoires français majeurs dans le domaine de l’informatique théorique. Nous avons donc ainsi pu créer l’UMI FILOFOCS, qui regroupe quelques unes des meilleures institutions en informatique théorique, au bénéfice des français comme des israéliens.

En quoi le fonctionnement d’une UMI représente-t-il un pas en avant dans la collaboration ?

A. R. : Depuis la création du LIA FILOFOCS en 2012, les communautés française et israélienne de chercheurs en informatique théorique ont déjà bénéficié d’activités telles que le séminaire annuel organisé alternativement en France et en Israël auquel participent de nombreux scientifiques français et israéliens, ainsi que des scientifiques d’autres pays, des visites mutuelles de chercheurs seniors et jeunes, dont des doctorants, d’une visibilité mutuelle accrue et de bien d’autres choses encore. L’UMI FILOFOCS fournit des outils de collaboration supplémentaires, qui sont plus puissants et plus productifs que ceux du LIA. Ces outils de collaboration renforceront considérablement la synergie entre els communautés française et israélienne, en créant une interaction constante, à long terme et plus profonde entre les communautés par le biais de séjours de longue durée de scientifiques français en Israël, et de visites fréquentes de scientifiques israéliens sur le site miroir de l’UMI en France. Nous espérons également que cette synergie renforcée ouvrira la voie à d’autres projets franco-israéliens en informatique.

Comment cette initiative du CNRS a-t-elle contribué à renforcer les interactions franco-israéliennes en général ?

A. R. : L’évolution du LIA FILOFOCS en la première UMI du CNRS en Israël marque une étape importante dans le renforcement des liens scientifiques entre le CNRS et les trois universités israéliennes signataires en général. La création de l’UMI et les discussions qui l’ont permise ont renforcé la collaboration et la confiance entre les institutions françaises et israéliennes, et l’UMI FILOFOCS pourrait ainsi ouvrir la voie à d’autres initiatives similaires dans d’autres disciplines.

Pensez-vous qu’il est utile d’aller à l’étranger et de travailler à long terme dans un laboratoire commun ?

A. R. : Travailler à long terme (un an ou plus) dans un laboratoire à l’étranger dans une institution non française présente de nombreux avantages. Contrairement aux séjours de courte durée, ces séjours de longue durée permettent de connaître et de participer en détail au travail du laboratoire à l’étranger. Ce travail se fait assez souvent de façon différente de celle des laboratoires français. De plus, on participe la plupart du temps à la vie scientifique et sociale du laboratoire. On apprend ainsi à connaître la culture scientifique de sa discipline dans un pays étranger, enrichissant ainsi son point de vue sur la façon dont les recherches de sa propre discipline peuvent être menées. De retour en France, cette connaissance peut aussi être partagée avec d’autres collègues, enrichissant ainsi leurs perspectives. Être exposé à une culture et à une langue différentes en dehors du laboratoire lui-même, est également une aventure personnelle significative, tout aussi intéressante.

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Adi Rosén
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