Yassine Hamoudi et les algorithmes quantiques
Yassine Hamoudi a rejoint en 2023 le Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LaBRI - CNRS/Bordeaux INP/Université de Bordeaux) en tant que chargé de recherche CNRS.
Quel est votre domaine de recherche ?
Yassine Hamoudi : Je m'intéresse aux algorithmes qui disposent de nouveaux types d'opérations permises par les lois de la mécanique quantique. Les ordinateurs quantiques - nécessaires à l'exécution de ces calculs - ne sont encore qu'à l'état de prototypes. Il existe cependant des modèles calculatoires et mathématiques très précis pour en anticiper le potentiel. Mes recherches visent à comprendre quels problèmes peuvent être résolus plus efficacement dans ces modèles que sur nos ordinateurs actuels. En pratique, ce travail repose sur des preuves mathématiques permettant de cerner la complexité de chaque problème. Les résultats théoriques laissent apercevoir des applications excitantes aux algorithmes quantiques dans de nombreux domaines des sciences et de l'industrie (chimie, optimisation, finance, apprentissage automatique, etc.) mais beaucoup de verrous scientifiques restent à lever.
Qu'avez-vous fait avant d'entrer au CNRS ? Pourquoi avoir choisi le CNRS ?
Y.H. : J'ai eu le privilège d'être formé par des scientifiques pionniers dans leurs domaines et qui m'ont soutenu tout au long de mon parcours. J'ai effectué mon doctorat à l'Université Paris Cité sous la direction de Frédéric Magniez et Miklos Santha. J'ai ensuite rejoint le groupe d'Umesh Vazirani pour un postdoctorat à l'Université de Berkeley.
J'ai choisi le CNRS pour la liberté et les opportunités offertes à ses chercheurs, aussi bien dans la conduite des projets de recherche que dans les possibilités de mobilités et de collaborations. J'ai déjà bénéficié du réseau international du CNRS pendant ma thèse, en travaillant plusieurs mois au MajuLab (CNRS/Université Côte d'Azur/Sorbonne Université/Université nationale de Singapour/Université technologique de Nanyang) et encore aujourd'hui au LaBRI, j'ai des échanges avec l'Indo-French Research Lab in Computer Science (RELAX - CNRS/Institut de mathématiques de Chennai/ENS Paris-Saclay/Institut des sciences mathématiques de Chennai/Université de Bordeaux).
Qu'est-ce qui vous a amené à faire des sciences informatiques ?
Y.H. : J'ai été initié aux ordinateurs très jeune par mes parents, mais c'est seulement après le lycée que j'ai réalisé que l'informatique était aussi une science ! Je m'orientais plutôt vers un cursus mathématique. La jonction s'est faite entre les deux domaines lorsque j'ai commencé à étudier la combinatoire et la complexité. J'ai d'abord perçu les sciences informatiques comme une version "vivante" des mathématiques, avec des notions de temps, de mémoire, d'erreurs, etc. Mon choix s'est porté plus spécifiquement sur l'informatique quantique en master lorsque j'ai assisté au cours d'Omar Fawzi, directeur de recherche Inria, à l'École normale supérieure de Lyon (ENS Lyon). J'ai été fasciné qu'une théorie remette en cause les préceptes de l'informatique moderne. C'est une discipline très récente où beaucoup de choses restent à défricher, ce qui est très stimulant lorsqu'on est un jeune chercheur.