Prix Jean-Jacques Moreau : Jérôme Malick, informatique et mathématiques tournées vers les autres

Distinctions Informatique

Améliorer l’existant, bien exploiter les données, prendre de bonnes décisions… tout ceci se modélise et se résout grâce aux méthodes de l’optimisation. Spécialiste de la discipline, Jérôme Malick, directeur de recherche CNRS au Laboratoire Jean Kuntzmann (LJK – CNRS/Université Grenoble Alpes), est honoré par le prix Jean-Jacques Moreau de l'Académie des sciences 2023. Cette récompense salue l’ensemble de ses recherches, des plus fondamentales aux plus appliquées, dans ce domaine aux multiples facettes.

De la minimisation de coûts de production, jusqu’à l’estimation du risque d’une décision, l’optimisation  est souvent présente en coulisse pour améliorer les systèmes industriels et scientifiques qui nous entourent. Jérôme Malick, directeur de recherche CNRS au LKJ, en a fait le cœur de ses travaux. Après une thèse en mathématiques appliquées, il réalise un post-doctorat à l’Université de Cornell aux États-Unis et entre au CNRS en 2007.

« J’essaie de faire des mathématiques utiles et tournées vers les autres. Il y a toujours un côté pratique, appliqué, voire opérationnel, qui motive mes recherches, même lorsque je considère des questions théoriques », précise-t-il. À travers sa carrière, Jérôme Malick a ainsi appliqué ses compétences à des domaines de recherche variés tels que la mécanique, la vision par ordinateur, la finance, les statistiques ou encore le traitement du signal tout en collaborant avec des grands groupes et des petites entreprises technologiques françaises. Il a, par exemple, travaillé sur l’intégration des incertitudes météorologiques dans l'optimisation de la production électrique d'EDF. L’objectif était de réduire les émissions de CO2 et la quantité de combustible consommé.

Cela me tient à cœur de rester humble et surtout utile dans mes recherches, d’avoir la tête dans les nuages, mais les pieds bien sur terre.

Et cette diversité n’est pas un hasard, bien au contraire ! « Je travaille en parallèle sur différents sujets qui utilisent les mêmes types d’outils ou la même démarche, dans l’idée d’unifier et clarifier les résultats », ajoute le chercheur. En plus de son ouverture sur d’autres disciplines, Jérôme Malick a également eu à cœur de décloisonner les différents sous-domaines de l’optimisation. Travaillant autant sur des problèmes à variables discrètes, continues ou encore aléatoires, le chercheur informaticien a su créer des ponts entre des spécialités souvent séparées.

Au fil des années, Jérôme Malick a notamment obtenu des résultats marquants en optimisation non-lisse. Celle-ci traite de la minimisation de fonctions qui présentent des points de cassure dans leur comportement. Ces cassures apparaissent naturellement en optimisation et ne peuvent pas être ignorées lors de la résolution numérique. Elles font même tout l’intérêt de ces problèmes au point d’être parfois imposées dans les modèles en vue d’obtenir de meilleures solutions comme en traitement du signal. Dans ses recherches, Jérôme Malick a exploité la géométrie sous-jacente de ces problèmes pour améliorer leur compréhension et développer de nouveaux algorithmes.

Je combine l’optimisation et l’intelligence artificielle pour aboutir à de nouveaux modèles apportant des décisions résilientes.

Désormais, son terrain de jeu se concentre sur la synergie entre l’optimisation et l’intelligence artificielle. « Il y a tellement de progrès spectaculaires dans ce domaine, qu’on en oublie parfois que les méthodes sont encore fragiles. Mes recherches visent à apporter des outils flexibles pour rendre l’IA et les prises de décisions associées plus robustes et plus justes », décrit le chercheur.

Pour l’ensemble de ses contributions exceptionnelles en optimisation, Jérôme Malick vient de recevoir le prix Jean-Jacques Moreau de l’Académie des sciences. « J’ai bien sûr été très content de cette nouvelle, mais j’ai surtout ressenti énormément de gratitude envers mes mentors, mes collègues et mes étudiants, auprès desquels j’ai beaucoup appris - et pas que des maths ! », confie-t-il. Au final, le plus important pour lui est d’être toujours animé par le désir d'apprendre, de comprendre et de transmettre.

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Jérôme Malick
Directeur de recherche CNRS