Cristal collectif du CNRS : des pistes pour un numérique plus écoresponsable

Distinctions Informatique

Dix ingénieures et ingénieurs ont été récompensés par le Cristal collectif du CNRS, pour leurs travaux au sein du Groupement de services (GDS) ÉcoInfo qui œuvre au déploiement d’un numérique écoresponsable. Parmi eux, Karin Dassas, ingénieure de recherche au Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO – CNES/CNRS/IRD/Université Toulouse III - Paul Sabatier), Didier Mallarino, ingénieur de recherche à l’Institut Pytheas (PYTHEAS - Aix-Marseille Université/CNRS/Inrae/IRD) et Francis Vivat, ingénieur de recherche au Laboratoire Atmosphères et Observations Spatiales  (LATMOS - CNRS/Sorbonne Université/UVSQ), répondent à nos questions.

Comment le GDS ÉcoInfo intervient-il en faveur d’un numérique écoresponsable ?

Didier Mallarino : Notre collectif d’une soixantaine d’ingénieurs et de chercheurs a été fondé en 2006 par Françoise Berthoud, ingénieure de recherche CNRS au Grenoble Alpes recherche-infrastructure de calcul intensif et de données (GRICAD – CNRS/Inria/UGA) et Éric Drezet, ingénieur de recherche CNRS au Centre de recherche sur l'hétéroepitaxie et ses applications (CRHEA - CNRS/Université Côte d'Azur). Tout est parti d’interrogations sur les impacts environnementaux des technologies de l’information et de la communication (TIC). Au fur et à mesure des années, nos questionnements se sont élargis au-delà de la consommation énergétique pour intégrer l’ensemble du cycle de vie dans le cadre des limites planétaires, et plus récemment, les impacts sociétaux.

Francis Vivat : Notre leitmotiv est que le numérique n’est pas la solution unique à la crise environnementale en cours. Au contraire, son impact est d’autant plus grand qu’il sert d'accélérateur dans de nombreux secteurs, souvent par effet rebond. Nous développons donc des outils et méthodes pour mesurer cet impact en vue de mieux le réduire.

Karin Dassas : Nous menons également des actions transversales de sensibilisation, de formation, de communication - en réalisant ou en participant à des guides de bonnes pratiques - et enfin dans des actions de conseil auprès de services de l’État. Nous menons aussi une veille permanente pour maintenir une expertise objective et pointue auprès de nos différents interlocuteurs.

 

Quelle a été l’une de vos implications les plus marquantes dans le cadre du GDS ÉcoInfo ?

F. V. : Depuis une dizaine d’années, je participe au marché MatInfo qui encadre l’achat de matériel informatique neuf pour l'enseignement supérieur et la recherche. Je vois, par des échanges avec les constructeurs de matériel, une réelle évolution dans leurs pratiques pour réduire les impacts de leurs technologies. Le niveau d'exigence et les idées échangées se traduisent parfois par un bienfait majeur de nos actions au niveau mondial.

K. D. : Nous avons aussi travaillé pour atténuer l’impact des logiciels. J’ai notamment contribué à l’élaboration d’une plaquette sur l’écoconception du logiciel, remise à jour depuis et traduite en anglais. Ce support a été diffusé au sein des réseaux métiers et impacte la communauté informatique au sens large.

D. M. : Je suis principalement impliqué dans la formation et la médiation via l’élaboration d’écoles thématiques et de séminaires. Je travaille aussi sur la gestion écoresponsable des données, le troisième pan du numérique dont l’impact socio-environnemental est conséquent. J’ai par exemple participé au guide des bonnes pratiques sur la gestion des données de la recherche coordonné par un groupe de travail de la MITI1 .

 

Comment percevez-vous cette récompense et ses potentielles retombées ?

K. D. : Même si nous diffusons nos travaux, les communautés qui nous entourent ne connaissent pas toujours nos actions. Ce serait une autre belle récompense que la visibilité apportée par cette médaille nous permette de collaborer avec davantage de personnes.

D. M. : Nous espérons que cette reconnaissance facilitera l'intégration des différents effets du numérique dans les actions à mener pour aller vers une société plus respectueuse du vivant.
Ce prix souligne aussi la prise de conscience plus globale des impacts du numérique. D’autant que les projections récentes du GIEC2 nous le rappellent : il est urgent d’agir.

F. V. : Pour le moment les effets néfastes du numérique ne font qu’augmenter. J’espère que cette médaille sera un pas concret vers l’action pour le CNRS. En tout cas, cette récompense met en lumière que le CNRS a déjà les outils, via ÉcoInfo, pour soutenir un numérique écoresponsable et même au-delà de son institution.

  • 1La Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires (MITI) a pour objectifs principaux de soutenir des programmes de recherche interdisciplinaires et des initiatives transverses au sein du CNRS.
  • 2Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

Les lauréats du Cristal collectif du CNRS 2023

Sont récompensés par le Cristal collectif du CNRS pour leurs travaux sur le numérique écoresponsable :

Les membres listés ci-dessus tiennent à rappeler que l’aspect collectif de l’aventure ÉcoInfo est un pilier majeur de son efficacité, et que de nombreux membres actifs (passés ou présents) auraient pu aussi figurer sur la liste.