Cyril Verrecchia : des avatars 3D pour la langue des signes française
Assistant-ingénieur en infographie au Laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique (LISN - CNRS/Université Paris-Saclay), Cyril Verrecchia utilise la capture de mouvement pour créer des avatars s'exprimant en langue des signes française (LSF), qui est sa langue première. Pour son travail sur ce sujet, il a obtenu la médaille de cristal du CNRS.
Cyril Verrecchia s’est formé en autodidacte aux techniques qu’il emploie, en raison de l’absence d’enseignements en LSF dédiés aux logiciels tels que Blender et Unity. À partir de modèles vidéo, il reproduit et enregistre la dynamique gestuelle à l’aide d’un système de capture de mouvements comportant des caméras infrarouges, des réflecteurs positionnés sur le corps, ainsi que des gants numériques. Le résultat est affiché sous la forme d’un squelette animé. Cyril Verrecchia retouche les gestes erronés ou imprécis, les gants numériques n’étant pas assez sensibles pour prendre en compte toute la finesse de la LSF. Il incorpore ensuite les expressions faciales, qui ne peuvent pas être capturées avec les caméras dont dispose le laboratoire et habille le squelette en 3D. Toute cette chaîne de traitement permet donc à Cyril Verrecchia d’obtenir des avatars complets.
Après plusieurs emplois très variés dans le secteur privé, Cyril Verrecchia a été recruté par le CNRS en 2007 au sein du LIMSI1
, puis du LISN. Il collabore notamment avec l’équipe Langue interaction parole et signe (LIPS) sur des projets de recherche traitant de la Langue des signes française. Il travaille aussi avec les autres équipes du laboratoire pour leurs besoins en graphisme 3D.
- 1Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur, devenu le LISN suite à sa fusion avec une partie Laboratoire de recherche en informatique (LRI).
« Les personnes sourdes que je rencontre me disent qu’elles préfèrent passer par la LSF plutôt que par le français écrit », explique Cyril Verrecchia. « On peut déjà capter et comprendre les signes (éléments du vocabulaire) par ordinateur, mais il faudrait aussi pouvoir enregistrer des énoncés complets et que la traduction se fasse automatiquement. »
Ses travaux ont par exemple été mis en pratique par la SNCF et la société Websourd, pour une transcription en LSF des messages audio dans les gares. En parallèle du message audio, un avatar donne alors en LSF des renseignements comme l’heure, la ville ou encore l’interdiction de fumer. Il a aussi participé au développement d’un système immersif pour la visualisation de biais cognitifs, appliqué à des situations de crise en milieu aéronautique. Cyril Verrecchia travaille actuellement sur un projet portant sur la création d’une banque de signes en LSF avec visualisation en 3D, afin d’aider à l’apprentissage de la LSF.
« Cette récompense m’a beaucoup surpris, je ne m’y attendais pas du tout », avoue Cyril Verrecchia. « On me sollicite régulièrement pour différents projets, mais comme je suis généralement la seule personne sourde, la communication n’est pas toujours évidente pour moi. C’est donc bien que mon travail soit reconnu. »